jeudi 7 avril 2011

Le fleuve / Charles Cros ; eaux-fortes d'Edouard Manet (texte commençant à la page 12)

Le fleuve / Charles Cros ; eaux-fortes d'Edouard Manet

8 commentaires:

giulio a dit…

c'est drôle; je ne vois qu'une couverture en maroquin, puis les feuilles décor de garde puis plus rien... que du blanc... cassé. Manet précurseur de Malevitch ?

Jalel El Gharbi a dit…

Cher Giulio
Le texte commence à la page 12.
Il mérite d'être lu
amitiés

christiane a dit…

Giulio il faut insister. Continuez, vous allez être ébloui.
Je revois... je re-vis
Nettoyer la plaque au blanc de Meudon, essuyer. Passer le vernis odorant. Attendre... puis avec un burin tracer ces traits où l'acide mordra. Nettoyer la plaque. L'encrer. L'ssuyer. La poser sur la vitre de la presse. Prendre une feuille de beau papier mise au buvard après avoir été mouillée. La saisir délicatement avec des pinces (mains noircies d'encre !) la poser sur la plaque. Dérouler doucement les langes et tourner la grosse vis a quatre bras qui va entraîner la plaque et la feuille sous le rouleau de la presse.
Alors...
soulever les langes puis saisir la feuille et voir pour la première fois la gravure tout fraîche d'encre. La poser entre deux voiles de papier pour qu'elle sèche et être heureux.
J'ai revécu ce rite de naissance d'une eau-forte jusqu'à retrouver les gestes d'Edouard Manet. Quel artiste ! Juste ce qu'il faut de lignes, de noirs, de blancs réservés, de stries. Un bonheur extraordinaire qui m'a - excusez-moi, Jalel - mise hors d'état de lire le texte. Ah, ces eaux-fortes...

giulio a dit…

En fait, ça commence encore plus loin... et c'est d'une grande beauté. Une vraie découverte!

Mahdia a dit…

Tout LE FLEUVE est dans ses derniers vers :
"Qu’en se lise entre soi ce chant tranquille est fier
dans les moments de fièvre et dans les jours d’épreuve
qu’on endorme son cœur aux murmures du Fleuve."

Chercher la paix de l’âme dans le tumulte des mots est l’apanage du poète, la sagesse que lui seul est capable de maintenir infiniment intacte dans le corps bienvaillant de son génie.
Merci cher poète pour cette tendre initiative, pour cette belle découverte !
Amitiés

Jalel El Gharbi a dit…

@ Christiane : Merci chère amie, effectivement les eaux-fortes sont d'une splendeur parfaite.
@ Mahdia
Chère amie, Evidemment tout le fleuve est dans l'embouchure.
Merci de votre passage

Evel a dit…

Grâce à votre document, Jalel, je suis revenue vers « Le Fleuve », quarante ans après. Impossible, aujourd’hui, de le lire sans revoir les images de mes bords de Seine préférés. Et j’ai relu ces pages et mes gribouillis en marge, après une de ces journées où l’on se dit qu’il aurait mieux valu, au matin, ne pas se réveiller. Aussi, s o u r i r e et m e r c i, lorsque, en fin de poème : « Dans les moments de fièvre et dans les jours d’épreuve//Qu’on endorme son cœur au murmure du fleuve ».
Belles, aussi, les eaux-fortes de Manet. Pouvoir se passer des mots… Mais j’ai lu votre énumération, Christiane, comme un poème. Et voici la fin d’un sonnet (« Le coffret de santal ») : […] Aux jasmins / Les chardons ont mêlé leurs haines. // Je n’en pleure pas ; car le Beau/Que je rêve, avant le tombeau,/M’aura fait des heures sereines. »

christiane a dit…

Donc, j'ai lu le poème et j'ai entendu la Moldau de Smetana. De la source à la mer... puis j'ai relu vos commentaires à tous trois comme des coques de bateaux portées par le fleuve vers son étrange dissolution dans la vaste mer.
L'embouchure , L'estran ? Des eaux tumultueuses qui se mêlent avec leur désir contraire. Je sens là une lutte puis une offrande vers plus grand que soi. Et puis c'est un autre voyage à dos de grands poissons claquant leurs reflets d'or dans le soleil et puis et puis et pluie pluie épis moissons frissonsvagues de blés et vagues d'écume rêveries et grève de coquillages coques-licots