mardi 7 août 2012

Poème d'Edouardo Galhos




 l’UNITÉ INDIVISIBLE
  
Être où l’on est
actif sans s’agiter sans y penser     
détaché du besoin de devenir
exister pour se sentir vivre à tout instant
prêt à mourir pour continuer à vivre.

Sentir l’herbe au ras des pieds dans nos forêts d’enfant
du sable dans nos orteils traversant nos déserts
égaler le fleuve qui court rêveur de l’océan
esprit de l’air un éclair constant à longueur du temps.

Roucoule de la colombe sur la branche de l’olivier
huée de la mouette jusqu’où elle doit aller
demeurant le soupir d’un désir dans l’acuité du cri
écho qui arrive et repart sans savoir où il va
rayonnante est l’évocation qui se répercute à l’infini
éloignement délicat de soi pour se rejoindre plus tard
arbitre de son destin et consentant sans y être forcé
comprendre sans questionner et accepter sans effort
être où l’on est et où l’on a été depuis toujours peut-être
serein ancré et solide au sommet de la montagne altière.

Lâcher prise étant sûr que tôt ou tard on possédera
sans tenir à quoi qu’on fasse pour changer quoi que soit
s’étirer vers le haut humer à pleins poumons l’air
du commencement à la fin rien ne s’arrête de bouger
l’équilibre instable est source d’une appétence
la clameur est la flamme d’une vérité absolue           
briguer son honneur dès lors qu’on risque de le perdre.


Toute place est étroite dans un lit abandonné
la douleur de la solitude n’est que passagère
fantasque est la fantaisie d’un rêveur au réveil
arriver éveillé à l’aube d’un lendemain
regagner une dernière fois la forêt où tout est élevé
rentrer dans la cité comme pour un dernier jugement
chercher l’allure d’une verticalité nécessaire. 


Dans le silence d’une prière les désirs se sont logés
s’acheminer droit pour arriver où nos pas nous l’autorisent
vivre en toute liberté deviendra un jour réalité
conscient de ce que l’on est sans violences exigées
le don de la modestie est la plus grande richesse
tout être est un arbre enraciné fixé par ses racines
se tenant droit sans retenir seulement pour le plaisir
la fragilité pressentie est une apparence exquise
une force universelle nous pousse à poursuivre
loyaux à nos aïeux nous serons leur reflet
être ce qu’on doit être jusqu’à la fin de nos jours
léger mais résolu sans cesser de le mériter
demeurer  immuable au gré des vents et marées
finir de bon cœur pour se rendre où l’on doit aller
rien ne sert de se féliciter pour se sentir bien ou mal.


Le souffle se tient régulier entre la terre et le ciel
l’âme s’instille au long de la colonne vertébrale.





Eduardo GALHOS- 14.02.2012

1 commentaire:

Djawhar a dit…

Si je devais choisir dans ce poème aux cinquante sentences une seule, je choisirais la cinquante et unième : "l’unité indivisible". Mais dans un autre sens, tous les vers sont magnifiques. Je médite cependant le cinquième vers (" prêt à mourir pour continuer à vivre ") que je considère comme le noyau de ce beau poème et qui me fait rappeler avec bonheur le mot (le vers)combien redoutable mais déterminant de Goethe "Meurs et deviens !" qui me fait, à son tour, songer à Hafez qui ébranla par son divan le poète de Weimar. Mais faut-il être uniquement sage -pour rester dans l’émerveillement de Goethe- pour comprendre :" Comme on fait au faucon, j’ai cousu mes yeux au monde entier, /si bien que mes yeux sont ouverts sur Ton beau visage" ?