mardi 14 août 2012

Poème

Il lui arrive même de soigner le scorbut
Qui punit les marins d’être allés si loin
Des citronniers, des cassis et des argousiers
Or il n’a rien fait pour ce corps qui s’essouffle
Il lui arrive même de mesurer les abysses
Et de calculer combien de temps met une orange
Pour tomber de Vénus dans une main affamée
Cependant il n’a pas mesuré la profondeur du supplice
Il arrive à l’amour de tout prévoir
Pourtant il n’a pas anticipé sur un seul de mes mots

Jalel El Gharbi

5 commentaires:

Amel Zmerli a dit…

Oui, très cher Jalel,
quel beau poème que celui qui rappelle que nous ne pouvons pas mesurer la course du temps, la course de l'amour qui pourtant défie la course du temps. Pourtant, oui pour tant... merci de ces mots qui résisteront au tant; à tant.

Amitiés.

giulio a dit…

Oui chère Amel, mais l'amour a beau défier sa course, il ne vainc pas le temps, pas plus qu'il n'anticipe quoi que ce soit, ni désaltère qui que ce soit. Face à lui nous sommes tous des Tantales et ce n'est pas les quelques gouttes de miel dont il lui arrive de charitablement humecter nos lèvres, qui nous diront le contraire. Ainsi eût pu parler le vieux soufi.

Amel a dit…

Oui cher Giulio,
L'amour ne vainc pas le temps. N'ouvre-t-il pas une parenthèse dans la course du temps?

Bonne journée à vous deux.

Anonyme a dit…

Alexandra S.
Un beau poème cher Jalel.
Giulio, je suis une utopiste, c'est vrai l'amour ne vainc pas le temps pas plus qu'il n'anticipe quoique ce soit (un autre poète dirait pourtant "l'éternité dans l'heure qui vient...")mais il désaltère par la fraîcheur de ses ardeurs et les gouttes de miel qui humectent nos lèvres nous ravissent autant que les rayons de miel, la récolte de myrrhe et son baume cachés dans le Cantique des Cantiques. Le vieux soufi, le lendemain de la fête, dirait sans doute "mettez-moi à l'abri de l'attente, du vertige de l'amour et des -mots-maux-de l'amour". Mais il souhaiterait aussi que cette prière ne soit pas exaucée.

giulio a dit…

Exquise féminité du vieux soufi, chère Alexandra... comme de tout poète, d'ailleurs, du moins tant qu'il poétise. L'homme ne serait-il qu'une femme comme les autres, qu'il y aurait peut-être moins de violence et de guerres, mais plus de sourires d'enfants et de baisers volés...